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Autour de la cuisine. Le lieu et les mots

Proposition d’écriture de l’atelier du mardi au Caméléon

Je vous propose aujourd’hui d’écrire autour de la cuisine… Cuisine est un mot utilisé pour tout à la fois exprimer la confection des mets, et le lieu où cette alchimie se prépare. Ici il va s’agir tout à la fois de nous parler d’une cuisine, la pièce, ou partie de la maison et ce qui s’y est préparé.

Vous ferez appel à vos souvenirs, d’enfant ou non pour nous parler d’un moment partagé dans ce lieu autour de la confection d’un plat, que vous l’ayez préparé ou non.

Le travail d’écriture va consister à être attentif à vos sens, à déplier les cinq sens, qui s’y on y prête attention rentre considérablement en compte dans cette activité.

Faites nous revivre le contexte en vous appliquant à déplier votre texte dans le maximum d’orientations sensorielles possibles, qu’on puisse être avec vous, dans ce lieu, pour cette occasion, et que nos papilles puissent vibrer comme les vôtres ont du l’être.

Ce sera donc un écrit portant attention aux détails, comme un zoom précis sur un temps partagé dans ce lieu si partiulier.

« La seiche »Maryline Desbioles

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Quel plus bel endroit, quel plus beau lieu que mon antre de Gargantua pour te donner rendez-vous mon bel Amour?

J’ai choisi ce lieu mon joli poisson pour t’écailler à souhait, te dépecer gentiment et te dévorer à l’envi

Rendez-vous donc dans ma cuisine vendredi soir, sous les feux de la rampe pour moi, soliste derrière mon piano et les yeux bandés pour toi, le regard en panne et tous tes autres sens aux aguets

Peu importe le lieu tant que le poisson est frais, le vin gouleyant et l’âme légère

Musique Maestro: un jazz manouche pour se mettre en bouche, un vin blanc sec Entre-deux-mers pour toi fille de la mer, Princesse du Delta du Mékong

Ta bouche sourit et tes jolies dents croquent les raisins ronds que je t’offre

Tes sens s’affolent pour ce délicieux foie gras de canard, non celui-là n’est pas laqué, posé sur un pain brun au mille épices

Pas de répit, pas de trêve, ça crépite, ça frétille

Le lieu jaune a sauté dans la poêle s’abandonnant à l’appel de ton huile d’olive bio préférée

Aujourd’hui, ton riz Thaï quotidien a cédé sa place à un risotto au lieu jaune et aux fruits de mer mais tout cela est une surprise

Tu ne découvriras le menu qu’avec tes jolies petites narines et tes papilles festives

Mère et épouse nourricière, maîtresse vietnamienne du riz familial que tu distribues à tes bouches adorées, vendredi soir dans mon antre c’est moi qui m’occuperai de ton ventre.

J.L.P.

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l’Enfant qui

Atelier d’écriture Théâtre du Jeu de Paume.  Séquence « Les étapes de la vie »: L’enfance

J’ai choisi pour cette séquence de nouvelle année, les âges de la vie. Nous allons dérouler ainsi l’enfance, l’adolescence, l’entrée dans la vie d’adulte (ou pas !) la maturité et la vieillesse. S’attarder à écrire sur ce qui fait la spécificité de chaque étape de vie, et tenter de s’en approcher en écriture. Retrouver, reconnecter l’univers propre à chaque étape, ce qui est agit et le mettre en mot, telle va être notre aventure des quatre semaines à venir.

Pour commencer, bien sûr l’enfance, ce moment si propice à l’imaginaire, aux jeux, aux découvertes, aux peurs, aux chimères, aux avatars. L’enfant se crée son monde, accessible qu’à lui et souvent hermétique aux adultes. Je vais vous proposer, en prenant modèle sur le livre de Jeanne Benameur « l’Enfant qui » de tout à la fois vous plonger dans un imaginaire d’enfant en l’écrivant et en même temps de rendre compte de ce que le narrateur observe. Vous avez déjà expérimenté cette double voix avec notre chauffeur de taxi. Votre texte ce composera de séries paragraphes, tantôt mettant en scène la voix imaginaire de l’enfant, tant celle du narrateur qui porte le regard sur lui, Ecrire le discours que se fait l’enfant à lui même, à son ami imaginaire, à sa chimère, en utilisant le « tu » et le « je » à la manière dont se parlent les enfants et l’entremêler du récit du narrateur écrit au « je » observant l’enfant, s’en amusant ou bien s’inquiétant pour lui.

Prenez le temps de lister des moments ou des situations d’enfant ou de votre enfance où l’imaginaire prenait toute la place, utilisez le mode de la liste en commençant par « l’enfant qui… »

L’enfant qui fait des routes dans la purée

L’enfant qui traine son chien à roulettes

L’enfant qui souffle sur la vitre l’hiver

L’enfant qui regarde les nuages filer

L’enfant qui met la tête sous l’eau dans la baignoire et entend son cœur battre

L’enfant qui rampe pour être comme la fourmi

L’enfant qui invite dans sa cabane l’ami imaginaire

Faites nous entendre sa voix intérieure écrite au tu, puis alternativement celle du narrateur qui l’observe.

Jeanne Benameur « L’enfant qui… »

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L’enfant qui… 

 » Un, deux trois, même pas peur !  quatre cinq six tralalalala ! Sept huit neuf youpi yo j’ai le droit !

Un pas après l’autre. Je suis forte. Je regarde à gauche, je regarde à droite, je traverse doucement.

Attention ! Attention quand tu traverses elle m’a dit maman.

Même pas peur.

Je regarde de partout. C’est pas parce que j’ai peur . C’est si jamais un gros monsieur voulait m’enlever. Il me dirait viens par ici ma jolie petite fille et puis il me par la main et il me tirerait fort jusque dans sa voiture…

AhAh…Même pas peur !

T’es là petite sœur ? Serre moi fort la main. Je t’emmène à l’école. Il ne faut pas que tu aies peur. Je suis ta grande sœur et je te protège.

Je ferais comme ça si t’existais, petite sœur. Je te le promets je serais gentille gentille. Pas comme mes grande sœurs à moi qui n’arrêtent pas de m’embêter.

Mais aujourd’hui on dit que t’existes. D’accord, petite soeur ?

Tu vois, je t’explique. Aujourd’hui c’est la première fois que je vais à l’école toute seule.

Qu’elle est jolie ! Je sais je ne devrais pas. Je lui ai promis de la laisser aller seule. Mais elle est si petite. Et j’aime tellement la voir trottiner sagement, à petits pas.

Ah…attention, mon amour. Attention à toi en traversant. Oui, c’est bien mon bébé. Maman est fière de toi.

Je me souviens de la première fois où je suis allée seule dans la rue. J’étais terrorisée. Et pourtant le monde était plus tranquille qu’aujourd’hui.

Oui, tu sais, aujourd’hui c’est la première fois que je vais à l’école toute seule. ce n’est pas rien petite sœur, tu verras quand ce sera ton tour.

Mais t’inquiète pas je connais le chemin.

Toutes les deux on n’a même pas peur. Hein, qu’on n’a même pas peur ?

On va dire aux copines de l’école qu’on est venues seules, tu vas voir, elles vont faire une de ces têtes!

Eh ! Attention ! Tu vois le bonhomme là bas en face ? Il a l’air trop bizarre. Viens, on traverse.

Mon petit bouchon ! Elle se débrouille bien. Elle a toujours été dégourdie . Mais… pourquoi elle travers ? C’est pas le trajet ça.

Attention en traversant, attention en traversant, c’est maman qui nous l’a dit. Tu t’en souviens petite soeur ?

Si elle nous voyait traverser ici, elle serait pas contente. Mais moi je lui expliquerais que c’est à cause de l’homme bizarre et elle pourrait pas npous gronder.

Bon encre une rue puis on tourne après le panneau et au bout il ya l’école.

Facile, hein ?

Même pas peur !

C’est quelle est prudente ma merveille, j’ai bien fait de lui faire confiance.

Elle n’a pas l’air d’avoir peur. C’est qu’elle grandit. Faut que je me fasse une raison.

Hop, on tourne et ouf le portail au bout de la rue.

Et puis voilà ma copine Chloé. Bon je te laisse petite sœur !

« Ho ho Chloé ! Tu m’attends ! »

Mon bébé a retrouvé Chloé. Les voilà à l’abri du portail de l’école. Je peux rentrer. Hihi. Même pas peur.

Brigitte Quittet