Nos coups de coeur de lecture

« La lecture, ai-je découvert, vient avant l’écriture, une société peut exister – beaucoup existent – sans l’écriture, mais aucune société ne peut exister sans la lecture » extrait de « L’histoire de la lecture » de Alberto Manguel éditions Babel.

Que serait l’écriture sans la lecture ou vice versa, intimement liées comme les deux revers d’une pièce, il est apparu important de faire partager certains coups de cœur de lecture. Ils seront renouvelés au fil des découvertes et de l’année.

« Réitère (s) » de DOA.  Editions Gallimard. Collection Série Noire.

Un thriller qui nous plonge dans le quotidien des acteurs du trafic de came, qu’ils soient policiers ou gros bonnets. La force de DOA, avec une précision parfois brutale est de nous arrimer à la destinée des personnages dans toute leur complexité

« Leur domaine » de Jo Nesbo. Editions Folio policier.

Un roman noir, dont la noirceur se distille toujours plus forte. Roy est resté sur les terres de leur enfance à la mort prématurée de ses parents, Carl, lui est parti, et revient pour monter un projet un peu fou. De ce retour naitra une succession de terribles découvertes, illustrant la difficulté d’être le gardien du frère prodige. Un récit puissant.

« La vie têtue » de Juliette Rousseau. Editions Cambourakis.

Une sœur, s’adresse à sa sœur disparue,  convoque leur enfance et au delà des violences familiales la possibilité de survivre à un héritage lourd.

« Si tu savais, c’est merveilleux » de Marie-Christine Barrault. Editions Stock.

Ce livre nous embarque à la découverte de celles et ceux qui ont tissé la toile de sa vie. Au delà de ces témoignages, Marie Christine Barrault nous offre une magnifique leçon de vie.

« Les chutes » de Joyce Carol Oates. Editions Points.

Un roman haletant, qui suit le destin particulier d’une femme qui aura vu son destin se briser le lendemain de ses noces et qui nous embarquera aussi dans une Amérique en proie aux premiers désordres écologiques et sanitaires. Au delà de l’histoire, c’est le style de Joyce Carol Oates, vif, acerbe, parfois anguleux qui cisèle ses personnages avec passion.

« La guerre n’a pas un visage de femme » de Svetlana Alexievitch. Editions J’ai Lu.

Témoignages inouïs et bouleversants de jeunes femmes ayant choisi de s’engager dans l’Armée Rouge lors de la dernière guerre mondiale. « la guerre féminine possède ses propres couleurs, ses propres odeurs, son propre éclairage et son propre espace de sentiments. Ses propres mots enfin ».

« Je vous écris » de Inoue Hisachi. Editions Picquier.

Un livre épistolaire qui dévoilera les dix personnages à travers leurs correspondances privées, une narration plurielle, un peu comme un jeu de piste distillant ça et là de quoi découvrir ce qui les réunit. Un récit à la forme originale tout en finesse.

« Boussole » de Mathias Esnard. Editions Actes Sud. Babel.

C’est un roman nocturne aux références musicales nombreuses, qui nous embarque dans le seuil de la vie d’un homme, qui a voué sa vie à faire des ponts entre l’Orient et l’Occident. Un livre fin, subtil, dont on savoure tout à la fois l’érudition de l’auteur, et la douce amertume de la vieillesse.

« Zizi cabane » de Bérengère Cournut. Editions Le Tripode.

Une mère disparait laissant son mari et ses trois enfants. C’est l’histoire d’un deuil à la manière d’un conte, où chacun des personnages livrera un récit singulier de cette traversée, polyphonie bouleversante, poétique et parfois drôle. A savourer pour l’originalité de sa forme et la puissance de la langue tout à la fois simple et poétique.

« La patience des traces » de Jeanne Benameur. Editions Actes Sud.

Simon, psychanalyste se sent au bout d’un chemin, il décide de partir au Japon. il y fera la rencontre d’un couple dont le mari s’adonne à un art particulier : celui de réparer la porcelaine brisée. De cette rencontre avec ce couple particulier qui vit sur une ile subtropicale, se tissera une amitié qui le transformera en profondeur. Récit tout en finesse et subtilité comme une ode à la vie retrouvée.

« Anima » de Wajdi Mouawad Éditions Babel.

Watch, en rentrant chez lui découvre le corps de sa femme assassinée. L’auteur est vite repéré des services de police mais il est comme protégé. Le héros va partir à sa recherche, non pour le tuer ni pour se venger  mais pour se libérer  d’un sentiment étrange, celui de l’avoir lui-même tué.

Par le biais d’une narration qui met en scène plusieurs animaux, l’auteur nous entraine dans une sorte de faux thriller, un récit d’une humanité brisée. A couper le souffle.

« Mahmoud ou la montée des eaux » de Antoine Wauters. Editions Verdier.

En Syrie, en pleine guerre, un vieil homme muni d’un masque et d’un tuba, plonge régulièrement dans le lac artificiel qui a recouvert la ville de sa jeunesse. Il revisite son passé, tout en nous faisant vivre la Syrie d’aujourd’hui. L’écriture poétique porte le récit et emporte le lecteur.

« La puissance des ombres » de Sylvie Germain. Editions Albin Michel.

Une fête, un convive qui meurt, puis d’autres plus tard. Existe-t-il un lien entre cette fête et ces morts ? Sylvie Germain une fois encore nous emporte dans les tréfonds de l’âme humaine, dans cette part d’ombre qui parfois agit malgré nous.

« Le moine noir » de Tchékov  Éditions Les solitaires intempestifs.

Cette nouvelle qui fut mise en scène au festival d’Avignon mérite d’être lue. En quelques pages, l’auteur, partant d’un rêve qu’il avait fait au cours d’une sieste, tente de s’en débarrasser en écrivant cette longue nouvelle aux atmosphères étranges. Il déplie avec finesse comment la folie peut s’emparer d’un homme.

« Crénom Baudelaire » de Jean Teulé. Editions Poche.

Biographie stupéfiante et sans concession du poète des Fleurs du Mal. On le suit dans ses errances, ses addictions et sa création. C’est aussi le portrait d’une époque bien particulière à Paris. On retrouve la langue crue de Teulé avec bonheur.

« Le carré des indigents »  Hugues Pagan. Editions Noir Rivages.

Belle découverte de cet auteur de polar, qui signe un thriller à l’américaine en y insufflant un désenchantement humaniste saisissant qui tire vers le politique. Pas de héros, pas de transcendance, pas d’horizon de rédemption, juste des personnages brûlés jusqu’à la consomption.

« Avec toutes mes sympathies » d’Olivia de Lamberterie.  Editions Livre de Poche.

L’autrice aborde avec tendresse, pudeur et justesse la vie puis la mort par suicide de son frère. Ce livre est bouleversant de vie malgré un sujet rugueux et difficile.

« Sur le fleuve Amour » de Joseph Delteil. Editions Cahiers Rouges, Grasset.

L’auteur du début du XXème, ami des surréalistes, met en scène Ludmilla, commandant d’un régiment de femmes dans l’armée tsariste, féministe avant l’heure. Elle sera entre autre accompagnée dans cette épopée par deux déserteurs bolchéviques. Il est porté par une écriture foisonnante, baroque, fantaisiste qui embarque le lecteur dans des univers insoupçonnés.

« Une éducation libertine » Jean Baptiste Del Amo.

Un jeune homme en 1760 va quitter sa Bretagne pour rejoindre Paris. Il errera longtemps dans les bas fond sordides parisiens avant de gouter la lumière. Mais quelle lumière ! C’est un roman d’apprentissage d’un jeune homme asservi par la chair. C’est un roman fort, portée par une écriture riche, crue et dense.

« Le vent reprend ses tours » Sylvie Germain.

Une fois encore Sylvie Germain nous embarque vers les frontières de l’invisible dans ce roman aux allures de conte. La quête de Nathan vers Gavril personnage énigmatique, qui fut le guide, le messager de son enfance, va être aussi la quête de lui-même.

« Le voyage d’Ibn Fattouma » de Naguib Mahfouz.

Ce roman ou conte initiatique dans le temps à la recherche d’une civilisation idéale, met en scène un voyageur, qui au gré de ses étapes va découvrir chaque étape de l’histoire de l’humanité en même temps qu’un système social.

La plus précieuse des marchandises de Jean-Claude Grumberg.

Conte philosophique sur fond de guerre et de front russe, où une pauvre bucheronne va recueillir une enfant jetée d’un train qui va… vers la mort. Une écriture simple belle et pure, pour une histoire à résonnances multiples.

Le cœur de l’Angleterre de Jonathan Coe.

Ou l’Angleterre par temps de Brexit, une Angleterre qui va faire basculer plusieurs destins d’hommes et de femmes. Passionnante analyse de l’Angleterre d’aujourd’hui à travers la vie de personnages attachants.

Le banquet annuel de la confrérie des fossoyeurs de Mathias Enard.

Un livre foisonnant, truculent, rabelaisien, où l’on suit un jeune apprenti ethnologue dans la France profonde où la mort mène la danse.

Le chemin des estives de Charles Wright.

Ou le parcours initiatique d’un jeune homme s’offrant une virée buissonnière à travers les déserts du Massif Central. Ce récit de voyage est une ode à la désertion, à la liberté et au dépouillement.

Fille de Camille Laurens.

Ou l’importance des mots dans la construction d’une vie de fille et de femme. Une écriture fine, intime pour décrire les mouvements intérieurs de la construction d’une identité.

Cimetery road de Greg Iles.

Un polar palpitant qui nous plonge dans l’Amérique profonde à l’époque de Trump, et plus exactement au cœur du Mississipi où notre personnage revenu sur les terres de son enfance aura à s’impliquer malgré lui dans les affaires troubles de la ville où il a grandi.

Une bête au paradis de Cécile Coulon.

C’est l’histoire de deux personnages que tout va progressivement opposer, jusqu’à conduire à une vengeance que l’on peine à imaginer. C’est l’histoire d’une passion dévorante à plus d’un titre….